Une obligation est-elle nécessairement plus sûre qu'une action ?

07/07/2021
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Une obligation est-elle nécessairement plus sûre qu'une action ?

Par Romain d'AGNANO, expert en solutions patrimoniales, Président-fondateur du cabinet Aeternia Patrimoine.

http://www.aeterniapatrimoine.fr      romain.dagnano@aeterniapatrimoine.fr

  Qu’est-ce qu’une action ?

Une action est un titre de propriété représentatif d'une fraction du capital d’une entreprise ou d’une société de capitaux, qui confère certains droits à leur détenteur, dont le droit de participer aux assemblées générales, le droit de vote et le droit aux dividendes.

 

Qu’est-ce qu’une obligation ?

 

Une obligation est un titre de créance, c’est à dire un prêt contracté par une entité, État ou entreprise, afin de se financer sur le marché.

Le taux d’intérêt correspond à la rémunération du prêteur, en contrepartie du capital accordé à l’emprunteur sur la durée et selon les modalités de remboursement convenues.

La nature même de ces deux placements est donc très différente : dans un cas je possède une partie de capital d’une société (l’action), alors que dans l’autre cas, je possède une part de sa dette (l’obligation).

A quels risques est-ce que je m’expose en achetant une obligation ?

Il convient déjà de rappeler qu’il existe plusieurs types d’obligations (à taux fixe, taux variable, convertible) et qu’elles peuvent être émises par des acteurs très différents, cette variable influant à la fois sur le coupon, qui est le rendement de l’obligation, et sur son risque : à durée et modalités de remboursement identiques, plus son émetteur est réputé « sûr », moins mon obligation va me générer de coupon. Pour le premier semestre 2019, le taux moyen des obligations des sociétés privées était de 0,62%.

Cependant, la valorisation des obligations peut varier au cours du temps si les taux du marché fluctuent ou que le risque constaté évolue, cependant à l’échéance, sauf cas de défaut, l’investisseur récupérera exactement sa mise ainsi que les intérêts intermédiaires versés. Et l’essentiel est bien dans ce petit passage souligné.

Même si les épisodes de 2011 et 2012 commencent à s’effacer peu à peu des mémoires, il convient néanmoins de se rappeler de ce qu’on nommait alors « la crise des dettes souveraines ». Dans cette période de troubles, le marché a redécouvert que même les obligations supposées les plus sûres, à savoir celles des États, pouvaient présenter des risques.

Le contexte actuel de taux extrêmement bas conduit alors à s’interroger sur le couple rendement/risque de certains actifs obligataires : faisant fi des obligations d’État français ou allemand qui sont même en territoire négatif, établissons par exemple un focus sur la dette italienne : l’emprunt de l’État italien sur 10 ans rémunère autour des 1% annuels au moment où nous écrivons ce papier. Rappelons que la dette italienne représente en 2018 132% de son PIB… Rationnellement, on peut se demander si la rémunération proposée est cohérente eu égard au risque (et pourtant, on parle bien d’une obligation d’État).

Également, dans un contexte de taux extrêmement bas, on peut craindre, au-delà d’un risque de défaut à échéance, un risque de taux non négligeable : quand les taux montent, mon obligation déjà émise subit une décote sur le marché, afin que son prix s’ajuste aux nouvelles conditions de marché, étant donné que mon « ancienne » obligation délivre un coupon moins rémunérateur que les nouvelles conditions. Sur les durées les plus longues, ce mécanisme peut être impactant, non pas pour celui qui va au terme de l’émission, mais pour celui qui souhaiterait éventuellement céder son titre avant ce terme.

Sauf à avoir la certitude absolue que l’investisseur aille au terme de de l’obligation, il est donc faux d’affirmer que le seul risque pris est celui du défaut de l’entité émettrice. L’évolution des taux d’intérêt peut également induire un risque de perte en capital non négligeable.

Quels sont les risques du marché actions ?

Sur les marchés actions, à quel risque est-ce que je m’expose ? Le risque principalement relevé pour un investissement en actions réside dans le risque de perte en capital que celui-ci peut entraîner.

En effet mes actions sont cotées chaque jour, et reflètent en temps réel, par le cours, l’équilibre entre l’offre et la demande de titres : schématiquement, si le titre est demandé et que les acheteurs sont supérieurs aux demandeurs, son cours monte, si au contraire les investisseurs veulent s’en défaire en nombre plus important que ceux souhaitant acquérir le titre, son cours va baisser.

Si ce mécanisme est en effet bien réel et inhérent au fonctionnement du marché actions, c’est en revanche bien sur ce point qu’il y a confusion entre 2 notions pourtant diamétralement différente : le risque et la volatilité.

En effet, l’évolution du cours de mon action, éventuellement à la baisse, ne reflète pas nécessairement un risque supérieur auquel m’expose mon titre : cette variation peut être induite par un contexte international particulier, des sentiments de peur, ou même particulièrement aujourd’hui avec les politiques annoncées ou anticipées des banque centrales.

 

C’est cette confusion entre les notions de risque et de volatilité qui induit cette idée reçue que l’obligation serait moins risquée que l’action, car, dans les situations de forte baisse de marchés, ces notions se rejoignent et la baisse de cours constatée sur le marché se transforme en perte en capital dans l’inconscient. Et c’est là que la majorité des investisseurs, qui savent pourtant, qu’à la base, le marché des actions est un investissement à long terme et qu’il convient de ne pas sur-réagir aux fluctuations, deviennent vendeurs et matérialisent une perte sur un cours qui n’était qu’un reflet d’une situation à un instant T. En réalité le marché actions est victime de sa transparence… Imaginez si, tous les jours, vous aviez une cotation de la valeur de votre résidence principale dont vous avez fait l’acquisition : est-ce que pour autant vous vous précipiteriez pour la vendre dès que vous constatez une baisse importante de la valeur de marché ? Non pour 2 raisons : le marché n’est pas liquide, et tout à chacun sait que l’investissement est fait à long terme. Et comme de toute façon, cette information n’existe pas de façon instantanée et transparente, la question ne se pose pas…

 

Comment un investisseur doit alors faire son choix ?

 

Pour savoir si vous devez investir sur le marché obligataire ou sur le marché actions, ce n’est donc pas sur une lecture de « risque » que vous devriez vous interroger, mais sur votre acceptation et sur votre tolérance à la volatilité.

 

Ensuite, chaque investisseur peut donc aujourd’hui mesurer l’opportunité de son investissement au regard du revenu qu’on lui propose : et par exemple, comparer une obligation d’État italien sur 10 ans avec un taux de rendement de 1% annuel, avec celui du dividende d’une belle société du CAC 40 proposant un dividende annuel de 4%... avec certes de la volatilité probable, mais également une potentielle plus-value.