Chaque année, des milliers d’euros s’évaporent en silence. Ces pertes ne proviennent pas d’une crise boursière. Elles résultent de décisions individuelles. Beaucoup d’épargnants sont victimes de biais cognitifs. Si vous vous intéressez à votre épargne, vous êtes probablement concerné. Nous allons identifier ces travers pour mieux les éviter.
Votre principal adversaire en épargne n’est pas la fluctuation des marchés. Ce n’est pas non plus votre banque. Ce n’est même pas l’État ni sa fiscalité. Votre propre cerveau représente le plus grand risque.
Vous êtes probablement victime de biais cognitifs, sans le savoir. Ces raccourcis de pensée faussent nos jugements. Ils nous amènent à prendre de mauvaises décisions. Les chercheurs Daniel Kahneman et Amos Tversky ont théorisé ces biais. Or, ils coûtent chaque année plusieurs milliers d’euros aux épargnants.
Les chiffres sont sans appel. Le cabinet américain Dalbar publie chaque année une étude de référence (QAIB). Elle mesure l’écart entre la performance des marchés et celle obtenue par les investisseurs.
L’édition 2025 révèle un fossé. L’investisseur actions moyen a gagné 16,5 % en 2024. Pourtant, le S&P 500 progressait de 25 % (les 500 plus grandes sociétés américaines).
Cet écart est directement lié aux décisions hasardeuses. Ces décisions sont dictées par l’émotion. On observe des retraits au mauvais moment. On constate des ventes précipitées ou des entrées tardives. De plus, sur vingt ans, ces mauvais réflexes réduisent le rendement annuel de plus d’un point. Une petite différence se transforme en perte massive à long terme.
Il faut d’abord identifier ces erreurs. Ensuite, il faut adopter de bonnes méthodes pour les contrer. Voici comment préserver votre épargne.
L’investisseur croit pouvoir battre le marché. Cet optimisme vient d’un biais redoutable : l’excès de confiance. Ce biais touche les novices et les chevronnés.
La croyance en sa capacité à « battre le marché » incite à multiplier les opérations. Cependant, l’issue est presque toujours défavorable. Andrea Tuani, responsable des marchés chez Saxo Banque, le rappelle. « Dans 80 % des cas, les particuliers qui se lancent dans un trading actif échouent. » L’illusion de contrôle mène à une sous-performance chronique.
Un autre réflexe produit le même effet. C’est celui des followers, dominés par le FOMO (fear of missing out). Ces épargnants ne supportent pas de louper un mouvement de marché. Poussés par l’urgence et les réseaux sociaux, ils se précipitent. Ils achètent les secteurs à la mode (cryptomonnaies, tech) sans stratégie. Le résultat est prévisible : ils achètent au plus haut et vendent dans la panique.
Les experts insistent sur la nécessité de la discipline. La meilleure solution consiste à mettre en place des plans de trading. Il faut aussi utiliser les investissements programmés. Cela permet de lisser les points d’entrée. L’investisseur évite ainsi de se laisser guider par l’émotion. Un plan de trading agit comme un rempart. Il structure les décisions clés : entrée, sortie, gestion des risques. Il limite les actions impulsives.
Les robo-advisors sont aussi des outils efficaces. Ces conseillers automatisés construisent et rééquilibrent les portefeuilles. Ils se basent sur des algorithmes et le profil de risque. Olivier Sibony, professeur à HEC Paris, le souligne. « L’automatisation neutralise la tentation de réagir à chaud. »
Maxime Viémont, spécialiste chez BNP-Paribas Portzamparc, apporte une nuance. Un plan d’investissement programmé peut créer une illusion de contrôle. Par conséquent, il faut aussi travailler sur des nudges (coups de pouce). Ces interventions influencent les décisions sans restreindre la liberté.
L’aversion aux pertes définit l’épargnant français. Perdre 100 euros fait deux fois plus mal que gagner 100 euros fait plaisir. Cette asymétrie psychologique explique de nombreux comportements.
L’investisseur préfère conserver un actif déficitaire. Il espère un improbable retournement. Inversement, il vend trop vite ses gains pour sécuriser un profit immédiat. Il ampute ainsi la performance de long terme.
Cette logique dépasse les investissements boursiers. Certains propriétaires refusent de baisser leur prix de vente immobilier. Ils croient que « leur bien vaut au moins ce qu’il leur a coûté ». Pour la retraite, des épargnants restent sur des placements garantis à 1 ou 2 %. L’inflation dépasse pourtant les 2 %. Ils pensent se protéger. En réalité, ils subissent une perte de pouvoir d’achat certaine.
Les ménages privilégient les placements sûrs. Le Livret A, le LDDS, les fonds euros en sont des exemples. Ils acceptent une faible rémunération plutôt que l’incertitude des marchés. Philippe Crevel observe que les Français « préfèrent perdre à petit feu à travers l’inflation que courir le risque de perdre en capital ».
Une gestion avisée s’impose. Il faut calibrer le risque selon l’horizon de placement. Hervé Mercier Ythier, directeur de la gestion de portefeuille chez Swiss Life, insiste. « Plus l’horizon de placement est long, plus il est nécessaire d’accepter une part de risque ». C’est la seule façon d’espérer battre l’inflation. C’est sur la durée que les marchés transforment le risque en opportunité.
Le biais de confirmation conduit à filtrer les informations. L’épargnant ne sélectionne que celles qui confortent ses idées. Maxime Viémont témoigne : « Nous voyons tous les jours des clients qui filtrent inconsciemment les analyses contradictoires ». Ils sont convaincus que leurs choix sont justifiés.
Cet aveuglement se retrouve dans la fascination pour certaines classes d’actifs. On peut citer l’or, la pierre, le bitcoin. Les épargnants lisent avidement toutes les analyses positives. Ils ignorent les signaux négatifs. Les plans d’investissement, avec leurs critères précis, sont une solution.
On parle aussi de biais d’ancrage. L’investisseur refuse de vendre à un prix inférieur au prix d’achat initial. Portzamparc propose l’application Eclairys pour lutter contre cela. Elle masque les prix d’achat et offre une représentation visuelle des tendances.
Le biais de l’information manquante est plus subtil. Il conduit à minimiser les données manquantes. Les décisions sont prises avec un déficit critique de données. Yves Le Yaouanq, chercheur à l’École polytechnique, le décrypte. Ce travers conduit à souscrire à des produits mal compris. Les frais cachés sont négligés. Les placements sont dictés par des hypothèses macroéconomiques partielles.
La transparence accrue sur les frais est une première étape. Mais elle ne suffit pas. Hervé Mercier Ythier souligne le rôle du banquier privé. Il doit ramener le client à un état émotionnel plus rationnel. L’écoute et l’empathie sont fondamentales.
Les biais cognitifs font partie de notre nature. Ils ne disparaîtront jamais. Néanmoins, nous pouvons les contenir. Il faut reconnaître leur existence. Il faut concevoir des environnements qui limitent leur pouvoir.
Automatiser, diversifier par défaut, masquer les informations toxiques, projeter les conséquences : autant de techniques qui réduisent nos erreurs. En tant que Conseiller en Gestion de Patrimoine à Bordeaux, Aeternia Patrimoine intègre la finance comportementale. Nous vous aidons à structurer vos décisions d’investissement. Nous vous fournissons un cadre rationnel. Ainsi, nous vous aidons à maximiser votre performance en évitant ces pièges psychologiques coûteux.