L’appréciation du caractère « manifestement exagéré » des primes est factuelle et repose sur deux critères principaux :
- Critère quantitatif: L’importance des primes versées au regard des revenus et du patrimoine du souscripteur au moment de chaque versement.
- Critère qualitatif: L’utilité de l’opération pour l’assuré.
L’âge du souscripteur et sa situation patrimoniale et familiale au moment de chaque versement sont également pris en compte.
Point crucial : La Cour rappelle que le simple fait que les primes versées dépassent la quotité disponible ou portent atteinte à la réserve héréditaire « théorique » ne suffit pas à qualifier ces primes de « manifestement exagérées ».
Comment agir en cas de contestation ?
- Pour l’assuré ou les bénéficiaires : Il est essentiel de rassembler tous les éléments justifiant l’utilité du contrat pour le souscripteur (voir ci-dessous).
- Pour les héritiers non désignés : Ne pas se limiter au montant des primes et à leur impact sur les droits successoraux. Contester l’utilité du contrat pour l’assuré est la voie à privilégier.

Comment anticiper et justifier l’utilité d’un contrat d’assurance-vie ?
L’utilité du versement est un élément clé dans les décisions relatives aux versements excessifs. La jurisprudence en donne une définition claire : il s’agit de « l’utilité financière, laquelle ne coïncide pas simplement avec l’utilisation d’une technique juridique pour échapper à certaines contraintes fiscales ou à certaines règles du droit des successions mais doit aussi s’analyser sur un temps suffisamment long pour permettre au souscripteur de réaliser une opération financière fructueuse » (CA Reims, 3 juil. 2020, n°19/00723).
En conclusion, l’utilité du contrat d’assurance-vie est un élément déterminant dans l’appréciation du caractère excessif des primes. Il est donc crucial de pouvoir justifier cette utilité, tant pour le souscripteur que pour les bénéficiaires.
En pratique, nous organisons souvent un rapport de conseil détaillé orienté non pas sur la volonté d’optimiser la transmission mais sur le choix du contrat, de ses supports, et du besoin, par exemple, de l’organisation de rachats partiels programmés nécessaires au maintien du niveau de vie du souscripteur.